Publications: Bulletin Mensuel de la Société Scientifique d’Études Psychologiques, Paris, 15 juillet, 1883, pp. 129-151
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SUITE DE LA CONTROVERSE ENTRE L’OCCULTISME THÉOSOPHIQUE ET LE SPIRITISME.
[This is H. P. Blavatsky’s official refutation of the misinterpretations and accusations of Mr. Tremeschini. It is preceded by an introductory note from the Editor of the Bulletin, Charles Fauvety, and is followed in the same issue by a rather lengthy dissertation from his pen, entitled “Aux Théosophes de l’Occultisme.”
This material is to be found in H. P. B.’s Scrapbook XI(17), pp. 149-171, and has been copied therefrom by courtesy of The Theosophical Society, Adyar.
In connection with this material, the student’s attention is drawn to H. P. B.’s article on the same general subject, published in The Theosophist, Vol. IV, Supplement to June, 1883, pp. 1-3, and entitled “A Levy of Arms Against Theosophy.” Though published earlier, it was written after the present article had already been dispatched to Chas. Fauvety.—Compiler.]
7Chercher la vérité et la mettre en pleine lumière, tel est le premier devoir du publiciste, du philosophe, et, sans doute aussi, de tout honnête homme.
Ce devoir nous ne voulons pas qu’on puisse nous accuser de l’avoir jamais méconnu.
Après les explications et rectifications, qui ont déjà paru dans le Bulletin à la Suite de la controverse sur l’Occultisme (voir les nos d’avril, mai et juin), nous avions pensé que la discussion pouvait être close. Nous nous étions trompés. Les théosophes de l’Inde nous mettent en demeure de tenir la promesse que nous avions faite, dès l’origine, d’ouvrir le Bulletin à la réplique. Ne voulant étouffer la voix de personne, nous publions, malgré sa longueur, celle qu’on va lire. Elle nous oblige à doubler le nombre des pages de ce numéro.
Du reste, la chose en vaut la peine. D’abord, cette pièce a un caractère officiel, puisqu’elle émane de la Société mère et qu’elle a été rédigée au nom de la branche des Occultistes. On peut donc penser que nous avons cette fois l’exposition de la vraie doctrine professée par l’Occultisme théosophique.[1] Ensuite, au milieu de quelques récriminations, qui touchent aux personnes et n’ajoutent rien à [la] valeur de la discussion, il se trouve, dans ce document, des notions d’une grande portée philosophique, dont nous aurions été bien fâchés de priver les lecteurs du Bulletin.
Nous laissons la parole à l’éminente secrétaire de la Société Théoophique de Madras, nous réservant de la reprendre, après elle, pour résumer le débat et préparer la conclusion.
LA RÉDACTION.
Dans le Bulletin Mensuel de la Société Scientifique d’Études Psychologiques, “Numéro d’Avril,” nous trouvons dans la “Note de la Rédaction” qui suit l’anéantissement de la Théosophie des Indes—un véritable “massacre des Innocents”—l’offre généreuse d’ouvrir les pages du Bulletin à la réplique des Théosophes qui ne partagent pas les vues de M. T. . . . Offre généreuse, sans doute, mais 8 fort dangereuse—pour la Rédaction. À part les quelques spirites qui ont bien voulu s’associer à une organisation dont ils ne connaissent évidemment ni le programme ni les statuts—pas même les simples règles—“les Théosophes qui ne partagent pas ses vues” se comptant par milliers, la Rédaction de cet estimable journal pourrait peut-être se trouver embarrassée de tenir parole. Heureusement pour les partis intéressés, nos Théosophes Indous ne savent pas plus le français que nos Théosophes Parisiens l’anglais. C’est à cette sainte ignorance de leurs langues réciproques—qui les a empêchés jusqu’ici, les uns de lire le Bulletin, les autres le Theosophist—que nous devons, sans doute, l’harmonie toute fraternelle et l’accord touchant qui depuis cinq ans ont régné jusqu’à ce jour entre la Société mère, établie aux Indes, et sa fille bien-aimée de Paris. C’était le vrai moyen de s’entendre, et ce qui suit le prouvera bien.
Je demande la permission de dire quelques mots au sujet de la conférence, et en même temps de corriger les très grandes erreurs que j’y trouve. Ces erreurs—faciles à démontrer en citant des milliers de passages à l’appui dans le Theosophist comme dans d’autres publications de notre société—sont fort naturelles dans les cas de Madame et Monsieur Rosen, de M. Waroquier et autres, qui peut-être ne parlent pas l’anglais, et n’ont point lu le Theosophist, mais qui jugent l’Occultisme en se basant sur quelques pages traduites d’un Fragment. Elles deviennent plus sérieuses lorsqu’on les trouve acceptées et vigoureusement soulignées par M. T. . . ., “membre de la Société Théosophique de Paris.” M. le Dr. Thurman a eu parfaitement raison de ne pas entreprendre la tâche ingrate de défendre et surtout d’expliquer un systeme “à un auditoire qui n’y a pas été préparé par des études préalables.” Nous remercions notre frère de sa discrétion.
Quant aux conférences qui ont eu lieu aux séances des 6 et 21 mars, elles étaient d’une espèce unique, il faut l’avouer. Une controverse, en effect, où rien n’est disputé mais tout admis d’avance, où personne ne défend, mais 9 tout le monde accuse, où les deux côtés, amis et ennemis, théosophes et spirites, déchirent à belles dents un système dont ils ne connaissent par le premier mot, cognant—j’en demande pardon en vrais aveugles, et où, enfin, l’unique (soi-disant) représentant du système attaqué l’attaque avec plus d’ardeur, et plus vigoureusement encore, que tout autre—est un débat fort original et d’un genre tout à fait nouveau.[2] On n’a qu’à lire des phrases comme celles-ci, par exemple, que je cite du discours de M. T. . . . pour s’apercevoir que ce “membre de la Société Théosophique de Paris” n’a pas la moindre idée de la Société-mère: “Cette doctrine du néant professée par le Theosophist . . .” “Les Théosophes prêchent le nihilisme . . . la doctrine que le Moi spirituel [!?] peut retomber . . . dans le monde de la matière cosmique première” [!!] . . . “les auteurs du Theosophist”—etc., etc., tout cela nous prouve sans laisser une ombre de doute, que notre estimé frère en Théosophie, tout “astronome, orientaliste, érudit et auteur de nombreuses découvertes” qu’il est, n’a pas encore découvert ni ce que c’était que la Société Théosophique en général, ni l’Occultisme qu’elle fait étudier à un petit groupe choisi de ses membres, en particulier.
Nous irons plus loin; et nous le déclarons ici, preuves en main, que M. T. . . ., qui ne fait aucune différence entre la Société Théosophique, l’Occultisme et le journal The Theosophisit; qui paraît ignorer que 90 sur 100 des membres de la Société s’occupent fort peu et nient l’existence de l’Occultisme tout aussi bien que du spiritisme; que le 10 Theosophist n’est pas l’organe spécial des sciences occultes, pas plus qu’il n’est le journal de l’exotérisme Chrétien, Bouddhiste ou Indou; et qu’il confond—peut-être parce qu’il n’en a jamais entendu parler—la doctrine des Arhats, les seuls représentants du plus vieil ésotérisme des anciens Aryas, avec la théosophie de Paracelse et d’Henri Khunrath du moyen âge—n’a agi ni en Théosophe, ni en homme de science à notre égard; il condamne, en un mot, ce qu’il ne connaît pas du tout; et une lettre de lui que nous venons de recevoir en est une preuve éclatante. Réservant ce qui nous y est dit sur “Gôtomô,” l’auteur de Nyaya, pour la fin; nous ne relèverons ici qu’une seule erreur: “le magnetisme”—nous dit-il—“n’entre nullement dans la série des définitions de l’Occultisme.”—Peut-être bien de l’Occultisme qu’il croit avoir trouvé dans le “Code Hiératique de Gôtomô.” Quant à l’Occultisme des Brahmanes initiés, des Rishis et des Arhats, le magnétisme et le mesmérisme en font la pierre fondamentale. Les initiés de l’Orient ne croient pas aux “miracles,” et la “magie cérémoniale” des théosophes et philosophes hermétiques du moyen âge est répudiée par eux avec autant de véhémence que l’Occultisme imaginaire des théosophes orientaux l’est—par M. T. . . .
À part l’attitude extraordinaire de M. T. . . . , membre de notre société, qu’il nous soit permis de protester contre les interprétations si fausses qu’on trouve dans les Réfutations de MM. les Spirites et de les contradire seriatim. Je commencerai par “la Note Explicative” donnée par le traducteur du 1er Fragment de la doctrine occultiste “Sur la constitution de l’homme.” Ce Fragment a été parfaitement traduit, mais moins parfaitement compris; ce qui n’est pas du tout la faute du traducteur, mais celle de l’auteur. Qui est cet auteur, le sait-on seulement à Paris? Et d’abord, je réponds à la remarque de M. Rosen, qui croit déjà nous voir suivre l’exemple “d’usage en politique où l’on dément le lendemain ce qu’on avait avoué la veille.” Nous ne démentons rien, puisque nous (les occultistes) n’avons rien écrit, et c’est ce que j’ai eu l’honneur de dire depuis un ou deux mois au traducteur, ainsi 11 qu’à l’honorable Président, Monsieur Fauvety. Je regrette que Monsieur D. A. C.[3] ait choisi pour première traduction un Fragment écrit en réponse aux objections d’un Spiritualiste d’Australie (un membre de notre société, le rédacteur de l’Harbinger of Light)[4] par un autre 12 membre, car ce dernier, quoiqu’en effet, comme le dit Monsieur Michel Rosen—“un des membres les plus considérables du Théosophisme,” n’était cependant, lorsqu’il l’écrivit—ni un adepte, ni même un simple élève de l’Occultisme. Donc il n’avait pas altéré “sciemment la vérité,” mais simplement il ne la connaissait pas, puisque c’était pour la première fois qu’il en entendait parler. C’était bien un fragment dans toute l’acception du terme, c’est-à-dire incomplet et fort capable, par cela même, d’induire en erreur d’autres personnes, aussi peu fortes qu’il l’était lui-même dans les sciences occultes, à cette époque (en 1881) et lorsqu’il était à peine entré dans la Société. Cependant, et à part quelques erreurs provenant plutôt de ses explications incompletes que réelles, la doctrine des occultistes concernant les esprits s’y trouve correctement esquissée; et je ne m’étonne pas le moins du monde de la voir repoussée par les Spirites. Certaines expressions incorrectes cependant, qu’on y trouve, ont été immédiatement réfutées et expliquées, tant dans d’autres Fragments, écrits par d’autres élèves, que dans le Theosophist; et notre frère, Mr. T. Subba Row, l’occultiste le plus érudit en ce moment aux Indes, un élève des Hiérophantes de l’Himalaya, l’a analysée, corrigée et expliquée dans un long et admirable article “The Aryan-Arhat Esoteric Tenets on the Seven-fold Principle in Man.”[5] M. T. . . l’a-t-il lu cet article? Qu’il s’empresse donc de le faire avant que de venir nous accuser de croire au néant. Nous en reparlerons plus loin; et, nous prouverons que ce distingué ingénieur civil, qui peut bien connaître sur le bout du doigt les monuments architecturaux de l’ancienne Egypte et de Baalbec, et pour qui les aqueducs du Pérou archaïque ont gardé peu de secrets, se connaît bien moins—s’il s’y connaît du tout—dans le “Jivatma” sanscrit ou dans la généalogie du clan des Gautamas. En effet, que peut-il savoir du “Jivatma,” lui qui parle de “la prétendue traduction qui suit” les termes sanscrits et ne sait même pas que le Jiv ou la “vie” 13 des Occultistes et le Jiv ou Jivatma (la seule vie ou l’âme vivante) des Védantins sont deux choses distinctes l’une de l’autre et ignore que les Occultistes appellent ainsi le deuxième principe—la Vie,—tandis que pour les Védantins, qui ne reconnaissant que la Vie Universelle comme la seule Réalité, et considérant toutes les autres Jivas (ou vies) comme illusoires, ne donnent ce nom qu’au septième principe—la monade divine de l’homme—dont ils soutiennent l’identité avec le parabrahm, en opposition aux Dwaités Védantins qui regardent l’âme humaine comme distincte de l’âme universelle. Il faut être plus qu’un Max Müller ou un Burnouf pour se permettre d’infirmer ainsi d’un ton magistral et dogmatique les traductions faites des termes sanscrits par les meilleurs sanscritistes de Bénarès—(un Pandit Bala Shastri, un Ram Misra Shastri, professeur de Philosophie Indoue au collège de Bénarès, et enfin, un docteur Rajendralâla Mitra, le sanscritiste le plus célèbre aux Indes)—“des traductions prétendues”! Enfin, lorsque Monsieur T . . . nous apportera à l’appui de ses assertions concernant son “Code Hiératique de Gôtomô” la corroboration d’un savant Indou comme l’est le Docteur R. L. Mitra, auteur de Buddha Gaya, le traducteur de Lalitavistara, membre honoraire de la Société Royale Asiatique de la Grande-Bretagne et de l’Académie Impériale des Sciences de Vienne, membre correspondant de toutes les Sociétés Orientales de l’Europe, connu de presque toutes les académies, ami et correspondant de Max Müller et d’autres Orientalistes, et que ce Docteur, ce célèbre sanscritiste et le plus grand expert en hiérogrammes des Indes nous aura dit que l’auteur de l’ouvrage sur la logique, le Gautama du Nyaya[6]—A JAMAIS ÉCRIT UN MOT—UN SEUL—sur 1’Occultisme soit “divin” soit humain, alors nous reconnaîtrons le droit à M. T . . . de trancher, comme il fait, la question de l’Occultisme.
14Jusqu’alors, nous prenons sur nous le droit d’analyser et de juger à leur propre valeur toutes ces belles tirades qu’il nous fait sur son auteur apocryphe. Nous allons donc procéder seriatim.
Voici les erreurs à relever dans les conclusions de notre frère “D.A.C.”—le traducteur d’abord:
(Page 68, Bulletin d’avril) 10 “Les très bons. Ceux-ci se préparent à passer avec leur 4 éléments constitutifs à une réincarnation sur une planète d’un monde supérieur.”—Ici deux erreurs capitales dans quatre lignes; quatre principes ou éléments constitutifs ne peuvent jamais se trouver ensemble dans l’état de gestation qui précède le Devachan (le paradis des Occultistes bouddhistes). Ils se séparent à l’entré en gestation. Les 7me et 6me, c’est-à-dire l’esprit immortel et son véhicule l’âme immortelle ou spirituelle y entrant seuls (cas exceptionnel) ou, ce qui arrive presque toujours, l’âme emportant dans le cas des très bons (et même des indifférents et de fort mauvais quelquefois) l’essence, pour ainsi dire, du 5me principe, qu’elle soutire au MOI personnel (l’âme matérielle). C’est cette dernière seule, dans le cas des irrémédiablement mauvais et lorsque l’âme spirituelle et impersonnelle n’a rien pu lui soutirer de son individualité (personnalité terrestre), car elle n’avait que du purement matériel et sensuel à lui offrir—qui se trouve anéantie. Ce n’est que l’individualité avec ses sentiments les plus spirituels qui peut survivre en s’attachant au principe immortel. La “Kama-rupa,” le véhicule, et le manas—l’âme où gît l’intelligence personnelle et animale, restent, après avoir été dénudés ainsi de leur essence, seuls au Kama-loka—la sphère intermédiaire entre notre terre et le Devachan—(la Kama-loka étant le aïdes des Grecs, la région des ombres) pour s’y éteindre 15 et en disparaître après quelque temps. Cette pauvre paire est bien “la loque” “du moi spirituel” et du MOI personnel, principes supérieurs qui, épurés de toute malpropreté terrestre, unis désormais dans l’éternité à la monade divine, s’en vont dans des régions où la vase du moi purement terrestre ne peut les suivre, pour y glaner leur récompense—les effets des causes produites—et d’où ils ne sortent que pour une nouvelle incarnation. Que si nous soutenont que la loque (the shell), la réflexion de la personne qui fut, survit dans le pays des ombres pour un certain temps proportionné à la constitution pour diparaître ensuite, nous n’avançons là que ce qui est logique et philosophique: Mais est-ce le néant cela? Serions-nous nihilistes sans le savoir, parce que nous prêcherions que l’ombre humaine disparaît du mur lorsque la personne à qui elle appartenait quitte la chambre? Et même dans les cas les plus mauvais—lorsque n’ayant rien à donner au MOI spirituel, désassociée de son double principe divin et immortel, l’âme matérielle se trouve anéantie, sans rien laisser derrière de son individualité personnelle, est-ce le néant pour le MOI spirituel? Comment, ce sont des spirites réincarnationistes qui protestent? Des croyants, qui prêchent que M. X. . . . redevient, après sa mort, M. T. . . . ; et Madame A— Madame B, etc., etc., qui refusent de croire à la perte de tout souvenir pour l’âme spirituelle d’une de ses milliers de personnalités, anéantie parce qu’il n’y avait rien en elle d’assez spirituel pour survivre? Car comprenons-nous bien, une fois pour toutes. Ce n’est pas l’âme divine, l’individualité immortelle qui périt, mais seulement l’âme animale avec la conscience de sa personnalité trop grossière, trop terrestre pour s’assimiler la première. Des millions de personnes qui n’ont jamais entendu parler de réincarnation et même celles qui y croient vivent et meurent dans une ignorance absolue de ce qu’elles étaient même pendant leur incarnation précédente—et ne s’en trouvent pas plus mal pour cela. Ceux dont l’esprit est ouvert aux grandes vérités, ceux qui comprennent la justice absolue, rejetant toute doctrine basée sur le favoritisme ou la miséricorde personelle, comprendront bien ce que nous voulons dire.
16Pour l’âme immortelle ce n’est que justice. Pour elle cette existence perdue n’est qu’une page arrachée au grand livre de la vie et avant que ses pages ne soient numérotées, et L’ÂME n’en souffre pas plus qu’un saint en extase ne souffrirait parce qu’il aurait perdu toute souvenance d’un vilain jour parmi les 20,000 jours qu’il aura passés sur terre. Au contraire, en eût-il conservé le souvenir, c’eut été assez pour l’empêcher de se sentir jamais heureux. Une seule goutte de fiel suffit pour rendre amère l’eau contenue dans le plus grand vase. Et puis, la doctrine nous enseigne que ces cas d’anéantissement total d’une personnalité sont fort rares (Voir Fragment VI, The Theosophist, mars 1883, page 134).
20 “La réincarnation sur une planète d’un monde superieur.”—Cette phrase contient deux erreurs (p. 68). La Monade va s’incarner sur la planète supérieure à la nôtre, dans notre chaîne des mondes, mais seulement lorsque ses incarnations sur notre globe sont au complet,—et non “sur une planète d’un monde supérieur,”[7] et avant d’arriver à cette planète supérieure, la planète E—la nôtre étant D—qu’elle a déjà visitée trois fois et qu’elle doit encore visiter 4 fois avant d’arriver à la fin de son grand cycle—chaque monade doit s’incarner dans chacune des sept grandes races humaines comme dans leurs ramifications de races collatérales. C’est donc une erreur de dire:
“D’après les Théosophistes il n’y a à se réincarner sur terre que les enfants morts jeunes ou les idiots de naissance,” car la phrase étant incomplète ne dit pas tout. La différence entre les âmes désignées ci-dessus et celle des personnes en général, consiste dans ce que les premières s’incarnent de suite, car n’étant responsables de leurs actions ni les uns ni les autres, ni enfants ni idiots ne peuvent recevoir ni récompense ni punition. Faillites de 17 la nature—cette dernière recommence de nouveau: tandis que les réincarnations, en général, ont lieu après de fort longues périodes dans les sphères intermédiaires et invisibles. De manière que si un spirite théosophe venait dire à un occultiste théosophe qu’il était une réincarnation de Louis XV, ou Madame X celle de Jeanne d’Arc, l’occultiste lui répondrait que, selon sa doctrine à lui, c’est impossible. Qu’il se pourrait bien qu’il fût une réincarnation de Sésostris ou de Sémiramis, mais que la période écoulée entre la mort de Louis XV et même de Jeanne d’Arc était trop courte, selon nos calculs qui sont mathématiquement correctes. Serions-nous bien ostracisés, si nous disions que les âmes des idiots et enfants fort jeunes (morts avant la période de conscience personelle) sont les parfaits paralléles de celles qui sont anéanties? Les personnalités des enfants et des idiots peuvent-elles laisser plus de trace sur le souvenir de la monade à qui ils n’ont pu s’assimiler que celles des âmes par trop animales qui, autant, mais pas plus que les premières, ont aussi failli à se l’assimiler? Dans les deux cas le résultat final est le même. Le 6me élément ou le MOI spirituel qui n’a pas eu le temps, ni les moyens de s’unir aux principes inférieurs, dans les cas de l’idiot et de l’enfant, a eu le temps, mais non les moyens d’accomplir cette union dans le cas de la personne totalement dépravée. Or,—ce n’est pas comme semble le dire, mais ne le dit pas, Fragment No. I, expliqué sur l’heure dans le Theosophist—que le “MOI spirituel est dissipé et cesse d’exister”—car ce serait une absurdité de dire que ce qui est immortel dans son essence puisse être dissipé ou cesser d’être—mais que le MOI spirituel se désassocie d’avec les éléments inférieurs et—suivant sa monade divine—le 7me élément, disparaît pour l’homme trop vicieux et cesse d’exister pour lui, pour l’homme personnel et physique comme pour l’homme astral. Quant à ce dernier, soit qu’il ait appartenu à un idiot ou à un Newton, une fois dépravé, s’il n’a pas pu saisir ou a perdu le fil d’Ariadne qui devait le conduire hors du labyrinthe de matière dans les régions de la lumière éternelle—Il doit disparaître.
18Ainsi, qu’il disparaisse dans une réincarnation immédiate, ou qu’il soit anéanti, cet homme astral personnel (ou le 4me et 5me principe), sort du nombre des existences individuelles qui pour la monade sont comme les jours passés pour un individu—une série de souvenirs, les uns frais et éternels dans notre mémoire, les autres oubliés et morts pour ne jamais revivre. Dire des Occultistes, comme le fait M. Rosen, que s’occupant “egoistement” de leur propre salut, its condamnent “à la destruction la majorité des hommes” comme les Chrétiens “qui les vouent aux flammes de l’enfer”—est injuste, et faux, puisque, avec les Occultistes, l’oubli du soi-même est la plus grande vertu. Ce sont les Spirites plutôt qui voueraient la monade divine à un tourment terrible, aux souvenirs perpétuels d’une ou de plusieurs existences honteuses, criminelles, pleines d’expériences terrestres et grossières, avec pas le moindre rayon spirituel pour les illuminer. Et, ne serait-ce pas plutôt une horrible punition de l’affubler de toutes les personnalités qu’elle a eues à subir pendant son long parcours terrestre, au lieu de lui laisser seulement les acquisitions dont elle s’est enrichie durant ses existences antérieures et qui ont fait d’elle un être complet, une unité glorieuse et spirituelle!
30 “Il n’est pas logique de dire que tous les êtres qui se manifestent sont essentiellement mauvais.” Aussi nous ne l’avions jamais dit. Nous ne disons pas que ce sont des diables, mais de malheureux vampires inconscients pour la plupart du temps—des loques, selon la juste expression de M. de Waroquier. Voici pourquoi nous ne consentons pas à dégrader le terme sublime d’Esprit en l’appliquant aux Élémentaires dont l’esprit est au Devachan, et d’où il ne descend jamais, quoique l’esprit du médium peut y monter; et c’est ainsi que nous n’avons rien à dire contre les communications subjectives avec les esprits, tandis que nous croirions faire de la nécromancie en encourageant les larves à jouer ce rôle dans des apparitions matérielles et physiques (Voyez le même Fragment, page 133). La “non-incarnation sur terre” faussement 19 attribuée aux Théosophistes étant prouvé une erreur, je passe aux autres objections.
À Madame Sophie Rosen nous n’avons pas beaucoup à dire, ayant répondu à ses réfutations en expliquant les erreurs de déductions du traducteur, déductions fort logiques et correctes, mais tirées de prémisses mal comprises. Mais, nous demanderions à Monsieur de Waroquier, d’où cette idée étrange que notre Fragment No. I “n’est rien de moins qu’une inoculation qu’on offre” aux Spirites?
Lui, comme tous les Spirites “déjà dotés d’une doctrine fondée sur l’affirmation et le contrôle des faits,” a raison sans doute de se refuser à l’enseignement de la doctrine des Occultistes, s’il tient à sa croyance. Mais, c’est une nouvelle erreur que de dire que cette doctrine est imposée à qui que ce soit. Car il faut que nos adversaires l’apprennent enfin, c’est contre nos règlements et lois de faire des Sciences Occultes un objet de propagande. D’ailleurs nous y avons des doctrines qui n’ont pas été même mentionnées encore dans les Fragments et qui sont aussi diamétralement opposées aux doctrines spirites qu’elles le sont à celles des Chrétiens et même des Indous orthodoxes. Or, notre Société étant pleine de spirites Français et Russe, de spiritualistes Anglais et Américains, et d’Indous des bords du Gange, tout en nous refusant à accepter leurs croyances respectives, nous les Occultistes de l’École Orientale, nous sommes forcés par nos statuts mêmes de LES RESPECTER TOUTES; de ne jamais les discuter en présence des membres qui pourraient y appartenir; comme de ne jamais critiquer dans nos journaux la religion de personne, même celle des individus qui n’ont rien à faire avec notre Société —à moins d’y êtres amenés par une attaque directe de nos croyances—comme dans le présent cas, ou par quelque acte d’intolérance absurde. Ne donnant à personne le droit de nous attaquer impunément, nous n’attaquons jamais personne, et il serait difficile de trouver dans notre journal un mot contre le Spiritisme, quoique nous soyons loin d’en accepter les doctrines. Quant à nous accuser de vouloir inoculer notre doctrine, à nous parce que l’un de 20 nos Fragments a été traduit—c’est comme si nous allions accuser notre ami M. Leymarie de conspirer contre l’Occultisme parce que l’un de ses articles concernant sa croyance se trouverait traduit de La Revue Spirite par un de nos occultistes! Le Spiritisme est aussi contraire à nos doctrines que l’est l’Occultisme à celles de feu Allan Kardec. Ce n’est cependant pas une raison pour que nous ouvrions des conférences pour ridiculiser ces dernières et prononcer des speech fulminants contre la Société Psychologique, les Spirites occidentaux et leurs ancêtres, et préconiser la Théosophie Orientale et l’Occultisme, comme les seules croyances dignes de vivre. Que ceux qui n’y croient pas laissent nos croyances et gardent les leurs. Nous, qui ne critiquons jamais leurs doctrines, pourquoi critiqueraientils les nôtres, puisqu’elles ne leur ont jamais été offertes. Répondant à Madame S. Rosen nous disons: “Vous vous trompez, chère Madame.” La Théosophie (Occultisme serait plus correcte), en divisant l’essence de l’être humain en entités nommées: Intelligence animale, intelligence supérieure, Esprit, etc., ne proclame pas et même n’implique pas “la désagrégation et par suite la destruction du Moi conscient, individuel.” Au contraire, l’Occultisme le protège plutôt de toute profanation, de l’attentat sacrilège de lui faire porter le lourd fardeau des billevesées, mensonges et fourberies des farfadets et larves qui se sont vu orner de ce nom divin qui ne leur appartient ni ne leur sied, dans beaucoup de cas. Les Spirites voudraient-ils nous faire accroire que tous leurs “Esprits” sont des Anges de Lumière? Qu’ils se sont toujours montrés vrais et justes, qu’ils n’ont jamais ni menti ni trompé personne? Eh bien, nous Occultistes nous disons que c’est un blasphème horrible à nos yeux que de donner à ces êtres transitoires le nom sacré “d’Esprit” et d’Âme! Où est le mal de donner à chaque chose le nom qui lui convient le mieux? Où sont le chaos et la destruction du “moi conscient” dans cette division si nécessaire? Douterait-on que l’intelligence et l’âme sont deux choses différentes; que la première puisse être détruite d’un seul coup de marteau, sur la tête, sans que l’âme s’en ressente le moins du monde? L’agrégation 21 de ce que les spirites appellent la mémoire, l’intelligence, etc., ne sont que les attributs transitoires du 5me principe qui n’est que temporaire lui-même. Pour rendre éternel le moi conscient, pour assurer en un mot son immortalité, il faut de toute nécessité qu’il soit transféré (non dans son entier terrestre, mais dans l’essence de sa spiritualité) aux Principes 6 et 7, à la monade, enfin. Nous en appelons à la philosophie du monde entier pour nous dire s’il est possible d’accepter, en restant dans les bornes de la logique sévère, l’immortalité absolue de l’âme divine, tout en persistant à croire que les 5 principes, qui la revêtent pendant ses existences terrestres, s’en vont avec elle attachés à l’essence divine comme des crustacés aux flancs d’une barque! Que sont ces principes ou “Entités”?
Principe 1: le corps physique qui pourrit et diparaît; Principe 2—LA VIE ou plutôt le rayon vital qui nous anime et qui nous est prêté du reservoir inépuisable de la Vie Universelle; Principe 3—le corps astral, le double ou doppelgänger, l’ombre ou l’émanation du corps physique qui disparaît avec le corps lorsque celui-ci cesse d’exister. Chaque être vivant en a un, même les animaux; et on l’appelle illusoire car il n’a aucune consistance et ne peut durer. “Illusoire! . . .” s’écrie M. Rosen—“C’est donc qu’il n’existe pas. Comment, dans ce cas, peut-il dosparître à la mort?”—L’ombre existe-t-elle tant qu’elle y est? Et ne disparaît-elle pas avec la cause qui la produit? Principe 4—la volonté, qui dirige les principes Nos. 1 et 2; Principe 5—l’intelligence humaine ou animale ou l’instinct de la brute; Principe 6—l’âme spirituelle ou divine; et Principe 7—L’ESPRIT. Ce dernier est ce que les Chrétiens appellent Logos—et nous—notre Dieu personnel. Nous n’en connaissons pas d’autre; car l’absolu et le Un—c’est le Tout—Parabrahm, un principe impersonnel en dehors de toute spéculation humaine.
À Monsieur de Waroquier, qui nous demande de qui nous l’avons reçue, notre vérité, et remarque “Comme il n’y a pour toute la terre qu’une seule et même nature d’êtres communiquant [et comment le sait-il?] ce ne peut être 22 que par les restes périspritaux des humains décédés, par leurs loques enfin, etc.,” nous répondrons aussi: vous vous trompez, vous qui ne lisez point le Theosophist et ne savez point toute la vérité sur nous. Nous les avons eues nos doctrines de ceux qui n’ont nul besoin de se servir, pour explorer et apprendre les mystères de l’Univers, soit des esprits désincarnés, soit de leurs “loques,” et c’est là un énorme avantage. Tandis que les Spirites qui, commes les aveugles, ont à se servir des yeux d’un autre pour reconnaître les objets trop éloignés pour être touchés, ne peuvent savoir que ce que ces “esprit” veulent bien leur dire. Les plus heureux d’entre eux, ayant à se fier aux somnambules qui ne peuvent guider à volonté leurs âmes temporairement libérées, ne peuvent se faire toujours des impressions correctes, car leur âme (le 5me principe), est guidée elle-même par le magnétiseur dont les idées préconçues et souvent arrêtées dominent le sujet et le font parler dans le sens qui les guide plus ou moins eux-mêmes—les adeptes n’ont pas a souffrir de ces limitations inévitables. Ce n’est pas une évidence de seconde main, une évidence post-mortem pour eux, mais bien l’évidence de leurs propres sens épurés et préparés pendant de longues années pour la recevoir correctement et sans qu’aucune influence étrangère puisse les faire dévier du droit chemin. Pour des milliers d’années, un initié après l’autre, un grand hiérophante, suivi d’autres hiérophantes, avait exploré et ré-exploré l’Univers invisible, les mondes des régions interplanétaires, pendant ces longues périodes où son âme consciente unie à l’âme spirituelle et au TOUT quittait son corps, libre et presque omnipotente. Ce ne sont pas les initiés appartenant à la “Grande Fraternité de l’Himalaya” seuls qui nous donnent ces doctrines; ce ne sont pas les Arhats Bouddhistes seulement qui les enseignent; mais elles se trouvent dans les écrits secrets de Shankaracharia comme de Gautama Bouddha, de Zoroastre comme dans ceux des Rishis.
Les mystères de la vie comme de la mort, des mondes visibles et invisibles ont été approfondis et notés par les adeptes initiés de toutes les époques comme de toutes les 23 nations. Ils les ont étudiés pendant les moments solennels de l’union de leur monade divine avec l’Esprit universel et en ont noté les expériences. Et, c’est ainsi qu’à force de comparer et de contrôler les notes des uns par celles des autres, et n’y trouvant pas les contradictions qui se remarquent si souvent, dans les dictées ou communications des médiums, mais ayant pu constater, au contraire, que les visions des adeptes qui avaient vécu il y a 10,000 ans se trouvaient toujours vérifiées et corroborées par celles des adeptes modernes, à qui les écrits des premiers ne deviennent jamais connus que par la suite—que la vérité a été établie. Une science définie, basée sur l’observation et l’expérience personnelle, corroborée par des démonstrations de tous les jours, contenant des preuves irréfutables—pour ceux qui l’étudient, a été ainsi fondée; j’ose croire qu’elle vaut celle qui est basée sur le dire d’un ou même de plusieurs somnambules.
Aussi ne pouvons-nous nous empêcher de sourire en voyant M. Rosen nous enseigner ce truisme “que le corps physique n’est pas entièrement composé de matière solide” et qu’il “contient en majeure partie des gaz et des liquides. Messieurs les Orientaux, qui veulent nous faire la leçon, devraient consulter les physiologistes,” nous dit-il. J’ai bien peur que les physiologistes Européens n’aient bientôt besoin de consulter MM. les Orientaux—de l’an 8,000 avant l’ère vulgaire. Celui qui a écrit dans le Fragment la phrase citée savait tout aussi bien que n’importe quel physiologiste que le corps humain contenait des gaz et des liquides autant et plus que de matière solide. Mais les Occultistes ne connaissent qu’un Seul Élément qu’ils divisent en sept parties où entrent les 5 éléments exotériques et les deux ésotériques des anciens. Cet élément, ils l’appellent indifféremment soit matière soit Esprit, soutenant que comme la matière est infinie et indestructible et que l’Esprit l’est aussi et qu’il ne peut exister dans l’Univers infini deux éléments omniprésents Éternels, pas plus que deux Indestructibles et Infinis, donc—Matière et Esprit ne font qu’un. “Tout est Esprit et tout est Matière” disentils; Purusha Prakriti sont inséparables et ne pourraient 24 exister l’un sans l’autre. Or donc, ce ne sont pas MM. les Orientaux qui ont oublié de consulter les physiologistes, mais bien M. Rosen qui a oublié de consulter les Occultistes sur leur manière de s’exprimer; ou bien, pour ne pas déplaire à MM. les savants modernes, nous dirons que le liquide, le gazeux et le solide sont les trois qualités ou conditions de la matière, ce qui revient à la même chose. À ces trois, ajoutez la matière radiante de M. Crookes et on en aura quatre—les trois autres conditions de la matière se trouvant dans la possession des Occultistes en attendant qu’elles se laissent découvrir par MM. les Académiciens. La matière, donc, n’est qu’une condition de l’Esprit et vice versa.
Et maintenant, au discours de M. T. . . . “membre de la Société Théosophique de Paris.”
De tous les conférenciers des fameuses séances des 6 et 21 mars, c’est lui qui a tapé le plus dru sur ses frères de la Théosophie Orientale. Fort, derrière son Code Hiératique de Gôtomô ou “Institutes divines,” de la science divine qui lui aura révélé tous les secrets de la Théosophie passée, moderne et future, M. T. . . . parle de la Théosophie de notre Société—qu’il confond à tout moment avec l’Occultisme—comme étant “en résumé, une doctrine sans preuves, sans autorité et sans prestige d’origine,” et pour la rendre encore plus odieuse aux yeux des Spirites, il affirme ceci:
10 “Les Théosophes proclament la croyance dans l’immortalité du Moi conscient—foncièrement fausse”;
20 Ils disent “que le moi spirituel . . . disparaît sans emporter une seule parcelle de la conscience individuelle, et va retomber dans le monde de la matière cosmique première.”
30 “Les Théosophes invoquent à tort l’autorité des documents sanscrits de l’antiquité Indoue à laquelle par son origine, cette doctrine est très loin de remonter.”
40 “La doctrine des Théosophes [Occultistes, s. v. p.], qu’on s’obstine à appeler Science divine et qui n’est que la doctrine d’un Occultisme particulier, avec des idées 25 étranges . . . qui ne reposent sur aucune base sérieuse, une tournure de style qui affecte d’être magistral . . . enfin une grande profession d’affirmations, rien que des affirmations partout et toujours des affirmations . . ., une doctrine qui a le néant comme but ne peut avoir que le vide pour base.”
50 “Les affirmations des Théosophes n’étant pas corroborées par des arguments sérieux, par des démonstrations, par des preuves . . . ainsi qu’on a coutume de procéder en matière scientifique . . . tant pis pour une doctrine qui prend à tâche de faire passer des chimères pour des réalités.”
Nous prions de noter les phrases que nous venons de souligner Cela est fort important et les affirmations de M. T. . . . 1er et 2me étant déjà prouvées fausses et ne reposant sur aucune base sont considérées par nous comme des . . . Le Fragment No. I,—qui nous incrimine soi-disant, a paru dans le Theosophist en octobre 1881. Deux mois après (The Theosophist, Vol. III, janvier 1882) les expressions incomplètes et vagues étaient expliquées par Subba Row, Bramane de 1re classe et occultiste distingué. Plusieurs autres occultistes envoyèrent des réfutations en expliquant les phrases du Fragment comme nous venons de le faire plus haut. Dans le Theosophist d’août, de la même année, pages 288-89, dans un article “Isis Unveiled and The Theosophist on Reincarnation,” par le rédacteur du journal—votre humble servante—dans la classification des groupes des principes humains, il est dit:—
7. Atma—“Esprit pur.” 6. Buddhi—“L’Âme Spirituelle ou Intelligence.” |
Monade Spirituele ou “Individualité”—et son véhicule. Eternelles et Indestructibles. |
Et voilà pour le NÉANT![8]
26Or, les spirites en général qui, ne lisant pas l’anglais, se sont fiés à M. T. . . . qui le lit, pour se faire une idée juste de nos doctrines théosophiques, sont priés de juger de la fidélité avec laquelle il les a expliquées. Aussi ce n’est pas des autres spirites que nous avons à nous pleindre mais de M. T. . . . “membre de la Société Théosophique.” A-t-il, ou n’a-t-il pas lu le Theosophist? Voici la principale question. S’il l’a lu, il devait savoir que nos doctrines etaient perverties par lui—ce qui ne parlerait pas en sa faveur; s’il ne l’a pas lu, si enfin, il n’était pas sûr de ses faits, même après l’avoir lu, la solution est encore moins à son avantage. Répétant ses propres paroles, nous disons:—ces affirmations auraient dû être corroborées par . . . des démonstrations, par des preuves. . . “Qui trompe-t-on ici?” demande-t-il de son auditoire. “Mais personne, Monsieur—du moins, pas du côté des Théosophes Orientaux. Du côté spirite, c’est vous seul, qui vous êtes trompé, et, partant,—sans le vouloir,—avez trompé les autres,” répondons-nous.
Mais, ce n’est pas seulement de prêcher le néant, mais d’enseigner une pseudo-théosophie, assemblage de choses disparates . . . du spiritualisme, du mysticisme, de la science, du nihilisme, de l’astrologie, de la magie, de la divination, etc., que nous sommes accusés. Notre Théosophie à nous, avec “sa conception malsaine et malpropre de ses Élémentaires et de ses Élémentaux” est une doctrine hybride issue des Chaldéens qui en traversant les ténèbres du moyen âge revint au pays où elle est née . . . et où, de nous, elle fait des dupes.
Comment M. T. . . . sait-il tout cela? Ah! nous y voilà, à ses GRANDES PREUVES! Preuves si irréfutables, que c’est sur le terrain de l’histoire que les spirites sont invités de le suivre, et que c’est de l’origine historique de sa théosophie à lui, de sa science divine qu’il va les régaler. Écoutons avec confiance et recueillement notre érudit frère théosophe.
Voici ce qu’il dit. Attention, Messieurs et Dames! “Vers la fin de TRETA YOUGO [yuga, donc, s. v. p.] le troisième [!!] âge d’après la chronologie indoue [?] vécut dans l’Inde . . . Gôtomô. Comme le constatent les livres sacrés de l’Inde [?], 27 Gôtomô descend d’une ligne de sages qui remonte jusqu’aux temps védiques et compte, parmi ses descendants directs le célèbre Gôtomô Sakiamouni, le Bouddha, qu’on a souvent tort de confondre avec lui. Des ouvrages qu’a laissés à la postérité ce personnage du TRETA YOUGO, les deux plus remarquables sont les NYAYAS, qui est un traité de logique, [et] le code Hiératique . . . science divine qui représente la synthèse du savoir humain, recueil de toutes les vérités amassés pendant une longue série de siècles par les sages contemplatifs (Moharshy) . . .”
Assez. It suffirait de ces quelques lignes pour prouver à un simple écolier du sanscrit que M. T. . . . ne se connait ni en Yugas (écrit par lui “Yougo”) ni ne comprend la signification des termes sanscrits.
J’en appelle à toute l’armée des grands sanscritistes européens et aux meilleurs pandits Brahmanes modernes aux Indes.
Assez modestement, il s’abstient de “fournir le nombre exact des siècles qui nous séparent du Treta yougo,” mais il n’hésite pas à affronter “le sourire des savants officiellement érudits” (et le rire des Brahmanes—astronomes et savants, donc!) et fait remonter courageusement “l’âge appelé Treta yougo . . . à 28,000 avant notre ère vulgaire.” “Ainsi,” nous dit-il, “nous voilà FIXÉS sur l’origine de la véritable Théosophie, la vraie, la Théosophie de vie, de consolation, de bonheur, la Théosophie scientifique de Gôtomô, hors de laquelle, il n’y a que pseudo-théosophie. . . .”
Et, tout en allant contre la science officielle, et les calculs d’après le zodiaque (calculs mathématiquement précis s’il en fus jamais) des Brahmanes passés, présents et à venir, contre celui de Manou et de Gautama Rishi lui-même, selon lui l’auteur du Nyaya, M. T. . . . n’hésite pas à se déclarer prêt à prouver “par le moyen des procédés employés en pareils cas par la science” que tout ce qu’il nous dit là est—de l’histoire!
Eh bien! nous nous déclarons prêts aussi à renverser d’un coup de main ce bel édifice, ce château de cartes, et nous soutenons que son Code Hiératique est un manuscript 28 apocryphe. M. T. . . . nous affirme que l’âge du Treta yuga remonte à 28,000 ans? Nous lui répondrons que d’après tous les calculs de période Védique et des livres sacrés des Brahmanes—sans en exclure un seul, l’âge du Treta yuga, c’est-à-dire la période écoulée entre notre ère vulgaire et le Treta yuga (le deuxième âge s’il vous plaît “d’après la chronologie indoue,” et non le troisième) est juste de 867,000 ans; ce qui ne ferait qu’une bagatelle de 839,000 années de plus que ses 28,000 ans, une petite erreur de lapsus linguae ou de lapsus calami (nous ne savons laquelle) de M. T. . . ., mais un peu trop souvent répétée cependant pour être une erreur si simple. Ceci, nous allons l’appuyer tout à l’heure par des chiffres. En vérité, Gautama Bouddha, ce “direct descendant de Gôtomô du Treta yougo,” devait avoir, à ce compte, un arbre généalogique d’ici à la lune. Seulement le premier n’a jamais été le descendant direct ou indirect ni du Rishi “Gôtomô” ni de Gautama, l’auteur bien connu du Nyaya. Cela nous est bien prouvé à nous les Brahmanes de l’école de cette philosophie et à tous ceux qui savent quelque chose de l’histoire des Rishis et du Bouddhisme,—d’abord, parce que Gautama Rishi était un Brahmane, contemporain de Rama, tandis que Bouddha (Gautama le Sakyamouni) était un Kshatrya (caste des guerriers) et le Gautama des Nyayas est bien plus moderne que ce dernier; et ensuite parce que Gautama-Rishi était un Sourya-vansa—de “la Race Solaire” et Gautama Bouddha un Chandra ou Indu Vansa ou de la “Race Lunaire.”[9]
Afin de prouver ce que nous avançons des Yugas, nous donnons ici les deux calculs, celui qui est adopté par les Brahmanes du Nord et qui est exotérique et celui des Brahmanes du Sud qui a été jusqu’ici un calcul ésotérique, et dont la clef est aux mains des initiés. Il n’y en a pas 29 d’autres. Tous les deux sont corrects, car le total s’y retrouve également. On peut trouver le premier dans l’Isis Unveiled, volume I, page 32.
Les âges son divisés de la manière suivante:
Âge 1er—Krita ou Satya Yuga, durée | 1,728,000 années |
Âge 2me—Treta Yuga, durée | 1,296,000 années |
Âge 3me—Dvâpara Yuga, durée | 864,000 années |
Âge 4me—Kali Yuga, a commencé
3,000 ans avant l’ère chrétienne et durera |
432,000 années |
Total | 4,320,000 années |
(Voir: “Essai astronomique” basé sur ce calcul dans les Asiatic Researches et son exactitude prouvée par comparaison avec les zodiaques.) L’autre—ésotérique selon les Brahmanes du Sud:
Âge 1er—Krita ou Satya yuga 4 X 432,000= | 1,728,000 années |
Âge 2me—Treta yuga 3 X 432,000= | 1,296,000 années |
Âge 3me—Dvâpara yuga. 2 X 432,000= | 864,000 années |
Âge 4me—Kali yuga 1 X 432,000= | 432,000 années |
Total | 4,320,000 années |
Dans ces nombres l’on observera que celui qui sert de base au calcul est le nombre 432,000, qui doit être multiplié par 1, 2, 3 et 4 respectivement pour obtenir la durée de chacune des ères Kali, Dvâpara, Treta et Krita ou Satya yuga, et d’où l’on verra que Dvâpara dénote que sa période est d’une durée double de celle de Kali yuga, et que celle de Treta est trois fois celle de Kali yuga. Or le présent Kali yuga (l’âge où nous sommes) ayant commencé le 18 février, 3,102 années avant l’ère chrétienne, à minuit, sur le méridien à Ujjayini, à la mort de Krishna, les chiffres qui son de vilains témoins contre les affirmations, nous prouvent que M. T. . . . parle des Yugas comme un aveugle des couleurs. Si son “Gôtomô” a vécu durant le Treta yuga, même en l’an 1,296,000 de cet âge, c’est qu’alors son Code 30 Hiératique aurait juste 868,985 années d’existence, car tel est le chiffre que l’on obtient en ajoutant à ses 864,000 années les 3,102 avant notre ère et les 1,883 de notre présente ère. Et cependant M. T. . . . se dit prêt à prouver ses 28,000 années par des procédés scientifiques! Certes, il est fort respectable l’âge de sa théosophie, “la vraie . . . la Théosophie scientifique.”[10]
Kritayuga est un autre nom (ou dénomination) du Satya-Yuga. It est généralement démontré dans les livres des Brahmanes que le taureau mythologique, par lequel on représente Dharma ou religion ésotérique, reste ferme sur ses quatre pieds dans Satya Yuga, sur trois seulement dans Treta Yuga, sur deux dans Dvâpara Yuga et sur un pied seul dans Kali Yuga (ainsi chancelant et presque sur le point de tomber).
SATYA OU KRITA YUGA EST DONC LE PARFAIT CARRÉ.—M. T. . . . pourrait-il nous en expliquer la signification? En attendant, nous soutiendrons toujours que ses 28,000 années (depuis que son “Gôtomô” a vécu) ne sont qu’une fiction.
Le nom de Gautama Rishi, l’occultiste des temps Védiques, se trouve mentionné dans les Upanishads. Quant au Gautama des Nyayas, qui est celui de M. T. . . . il a vécu bien plus tard que Kapila (des Sankhya), qui a été lui-même contemporain et un peu postérieur à Gautama Bouddha, puisque le système de notre Grand Maître Sakiamouni est critiqué par Kapila, dont les doctrines sont ridiculisées par l’auteur des Nyayas.
Ergo, l’erreur de M. T. . . . nous étant prouvée, et sa connaissance imparfaite du sanscrit aussi, lui qui nous critique si bien (car, trompé probablement par le son phonétique du Treta qu’il aura pris pour “trois” et de Dvâpara, qui a une certaine ressemblance avec “deux”), il aura cru que son “TRETA YOUGO” représentait “le 31 troisième âge,” et, d’après la Chronologie Indoue, par-dessus le marché. Et cette ignorance relative étant établie sur ce point, comment croire au reste? Qu’il nous donne vite ses preuves “selon les procédés employés par la science”! Si son “code Hiératique” est quelque vieux manuscrit apocryphe de cent ou deux cents ans, lorsqu’on n’avait pas même l’idée en Europe des calculs chronologiques des Brahmanes, alors cela ne nous étonnerait pas du tout d’apprendre que c’est dans ce manuscrit merveilleux que M. T. . . . a puisé ses données historiques, chronologiques et théosophiques. En effet, nous voilà bien “fixés sur l’origine de la véritable Théosophie”! Quant au “rire homérique,” auquel il avait raison de s’attendre de la part des Orientalistes européens, il a été bien plus inextinguible et sincère parmi nos Brahmanes Shastris[11] à qui nous soumîmes en le traduisant, le discours de notre “membre de la Société Théosophique” parisienne.
D’ailleurs l’histoire des Rishis qui ont laissé des écrits philosophiques et religieux—nous parlons des “six grandes Écoles Philosophiques” des Brahmanes—est trop connue pour que l’on puisse construire de ses lacunes un roman quelconque. Jaimini, l’auteur de Mimansa; Badarayana, des Vedanta; Gautama, du Nyaya; Kanada, du Vaiseshika, qui est le complément du Nyaya; Kapila, du Sankhya, et Patañjali, du Yoga, sont peut-être les personnages les plus connus et les plus historiquement connus. On sait bien ce qu’ils ont laissé à la postérité et ce qu’ils n’ont jamais pu écrire. Ainsi, attribuer à Gautama, dont les êcrits consistent en un seul ouvrage sur la logique, un ouvrage d’où toute allusion sur les matières occultes et théosophiques est éliminée, attribuer à ce logicien serré, disons-nous, un “Code Hiératique,” c’est vraiment calculer par trop sur l’ignorance des spirites en tout ce qui concerne la littérature sanscrite. Le choix est malheureux en vérité. Nous eût-on présenté Patañjali ou Sankaracharya, un des anciens mystiques enfin, comme auteur de ce livre inconnu, nous aurions pu nous 32 donner la peine de vérifier l’assertion. Mais c’est comme si on cherchait à nous faire accroire que le baron d’Holbach, l’auteur du Système de la Nature et le plus grand athée de son temps, nous avait légué un Dogme et Rituel de la Haute-Magie sous le pseudonyme d’Éliphas Lévi. Allons donc, M. T. . . ., nous sommes aux Indes nous, et nous avons parmi nos membres les plus fameux sanscritistes comme les plus grands érudits du monde en littérature indienne.
Nous ne nous arrêterons pas à des bagatelles comme par exemple la traduction libre qu’on nous offre du double terme Maharishi que M. T. . . . traduit par “sages contemplatifs” et écrit Moharshy—ce qui ne serait même pas phonétiquement correct. Maha veut dire “grand” dans le sens moral et Rishi littéralement traduit veut dire “barde” chanteur et aussi le marcheur et le guide, celui qui mène les autres; le mot Rishi étant un dérivé de Riś (qui marche en avant), vu que ces derniers étaient toujours à la tête de leurs clans. Le Gautama Védique était un occultiste, c’est-à-dire un Brahmane comme tous les Rishis certainement; mais tandis que tant d’autres ont laissé de grands poèmes, des philosophies et des livres traitant de Brahma et de Yoga Vidya (science secrète), celui-ci n’a laissé qu’un code, pas du tout hiératique mais civil, ce qui est moins poétique peut-être mais plus vrai. Yajnavalkya (Dharma-Śâstra, I, 3-5) le mentionne comme le 18me en mérite des vingt codes énumérés par lui, dont le premier est celui de Manou et le dernier de Vasishtha. L’auteur du Code Parâśara (dans la préface sanscrite de Stenzler qui cite Yajnavalkya) dit: “Les lois des différentes yugas différent entre elles.” Les livres des lois de Manou appartiennent au Krita Yuga, ceux de Gautama au Treta, ceux de Sankha et Likhita au Dvâpara et ceux de Parasara au Kali-yuga. Le code du Dharmashastra de Gautama est connu, et n’est avec quelques variations que la répétition des autres codes dont il y [en] a eu 47, tous par de différents auteurs, mais dont il ne reste plus que 20. Enfin ceux qui ont laissé des écrits sur le Vidya, connaissance ou Science secrète de l’âme universelle, sont aussi connus, et le nom de Gautama ne s’y 33 trouve pas. Sitôt que les affirmations de M. T. . . . sur son code hiératique nous furent parvenues aux Indes, et que nous eûmes vainement interrogé les Brahmanes les plus érudits, les Yogis-Shastris les plus célèbres, ceux qui connaissent par cœur toute la littérature des initiés des temps védiques jusqu’à nos jours; et que de chacun et de tous nous arrivaient soit verbalement soit dans des lettres des négations qui peuvent toutes se résumer dans ces mots—“Non, le Gautama Rishi n’a rien écrit que son Dharma-Shastra—code civil et criminel; et le Gautama Rishi n’est pas le Gautama des Nyayas. Car les systèmes s’y contredisent; le premier place l’efficacité de toute chose dans cette vie et l’autre dans les Védas, tandis que les Nyayas ne reconnaissent que l’omnipotence d’ADRISHTA (le principe invisible), ‘Paramatman’ ou âme suprême, et du ‘Jivatman, (le 7me principe), I’atome éternel; et ne fait mention des Védas que pour ne pas être appelé athée (Nastikah).”—En désespoir de cause pour M. T. nous nous adressâmes au grand “Sankaracharya.” C’est le Pape des Indes, une hiérarchie qui règne spirituellement par succession depuis le premier Sankaracharya du Vedanta, un des plus grands adeptes initiés parmi les Brahmanes. Voici la lettre reçue par T. Subba Row du Mysore. Qu’on se souvienne que c’est un adepte initié, le seul maintenant aux Indes qui possède la clef de tous les mystères Brahmaniques et a pouvoir spirituel depuis le Cap Comorin jusqu’aux Himalayas et dont la bibliothèque est une collection de longs siècles. De plus il est reconnu, même par les Anglais, comme la plus grande autorité sur la valeur des manuscrits archaïques. Voici ce qu’il dit: “Si le manuscrit [le ‘Code Hiératique’ en question] est écrit en Sen-zar Brahma-bhashya [langue sacerdotale et secrète], il ne peut être lu ni compris que par les Brahmes initiés, auxquels la révélation d’Atharvan et Angiras a été déjà faite [dernière et suprême initiation]. Or, aucun de ces manuscrits ni même une copie ne peut être en la possession d’un Mlechchha [étranger impur], car d’abord le nombre de livres [codes] est gravé sur le pilier de l’Ashrum [endroit sacré, un temple] depuis que le Grand 34 et Saint ACHARYA ‘maître’ [dans ce cas, Sankaracharya de la Vedanta lui-même qui a fondé la hiérarchie, bâti et vécu dans ce temple du Mysore] en a tracé les noms de sa propre mains et que tous y sont, et puis, parce que, dans ce nombre, le nom de Gautama Rishi ne s’y trouve pas. Ce Rishi n’a jamais rien écrit sur le BRAHMA VIDYA [science occulte]. Gautama—le Aksha-pada [ayant des yeux aux pieds, surnom de l’auteur du Nyaya] n’est ni de la caste ni du sang de Gautama Rishi, et tout un Yuga [le Dvâpara yuga de 864,000 ans] les sépare. Si le susdit Sutra qui est en France [le ‘code’ de M. T. . . .] traite de, et encourage la conversation avec les pitris [ancêtres décédés, esprits] et qu’il soit une copie authentique d’un des Sutras qui existent, l’original ne peut être autre qu’un des Sutras du Sama-Veda[12] traitant des Pitris [Manou, IV, 124] dont le son seul est impur [a śuchi] à cause de son association avec les Pisachas [les ‘Élémentaires’ que M. T. . . . rapporte au moyen âge]; car, comme le prouve Kulluka [un grand commentateur et historien], le Samaveda n’est impur qu’à Cause de ses slokas [versets] où l’on converse avec les morts et son rituel pour la répétition d’a śaucha et de Savam a śaucham [nécromancie et rites touchant les corps des morts soit physiques ou astrals qui sont considérées des plus souillants] .”
Voilà donc ce qui est bien avéré. Les deux Gautamas sont deux personnages tout à fait différents et les manuscrits hiératiques qui traitent des évocations des morts sont et ont été de tout temps (voyez les Lois de Manou, IV, 23, etc.) considérés comme des pratiques dégradantes, souillantes et sacrilèges. Nous n’avons qu’à lire cette phrase du discours de M. T. . . . : “la réalité de nos rapports avec les esprits des ancêtres enseignée par la ‘Science divine’ de Gôtomô . . .” pour savoir à quoi nous en tenir sur son Code Hiératique. Si les évidences fournies par les Brahmanes comme par les sanscritistes Européens et l’autorité sur les codes hiératiques en général, l’Occultisme et la Théosophie en particulier, 35 d’un érudit et un initié tel que Sa Sainteté Sri Sankaracharya ne servent à rien et sont rejetées par M. T. . . ., qu’il substitue son autorité, à lui, à la place de celles de Sankaracharya et de Manou et que les Spirites la reconnaissent—cela nous est égal, mais qu’il n’aille pas inventer, pour discréditer la Théosophie Orientale, des Codes Apocryphes, car, à l’exception de lui-même et de quelques spirites crédules—le reste du monde en rirait, et ne l’accepterait pas plus que nous ne l’acceptons.
Désormais les doctrines respectives de nos deux Théosophies auront à être jugées par leur valeur intrinsèque, et par des juges d’une impartialité reconnue.
Ni les sectaires ni les partisans ne devraient avoir voix au chapitre; car, emportés par la ferveur pour leur causes respectives et leurs idées préconçues, ni les uns ni les autres ne sont en état de juger sainement des choses opposées à leurs croyances. M. T. . . . promet des preuves par le moyen des procédés employés par la science; nous—nous les donnons. Et s’il fallait apporter à l’appui de ce que nous avançons et nions des citations de tous les livres composant la littérature sacrée des Brahmanes et Bouddhistes, ainsi que l’évidence écrite par des témoins qui sont des autorités reconnues, sur le sujet, aux Indes—nous voilà prêts. M. T. . . . “possesseur des documents authentiques,” peut-il en faire autant? Qu’il se dépêche donc! Au nom de tous nos Occultistes Orientaux, comme au nom de la vérité, nous lui proposons de vider cette querelle dans les pages du Bulletin. Notre antagoniste soutient que la seuIe vraie Théosophie, la science divine, est celle qu’il croit avoir trouvée dans un code hiératique (inconnu)? Nous soutenons qu’il n’y a qu’une seule Théosophie—celle des Rishis, des Mages et des Hiérophantes Bouddhistes et que nous l’avons à sa source même.
Qu’il apporte ses preuves, nous apporterons les nôtres.
H. P. BLAVATSKY, Secrétaire correspondant de la Société Théosophique fondée à New York, au nom de la Branch Society ou groupe des Occultistes des Indes, de cette Société.
Madras Adyar (Quartier général), le 23 mai 1883.
Footnotes
- ↑ Par le courrier, qui a suivi celui que nous a apporté le document que nous publions, nous avons reçu une lettre collective signée des membres Occultistes de la Société Théosophique de Bombay réclamant avec instance l’insertion, dans le Bulletin de la Société Scientifique d’Études Psychologiques, de la réponse rédigée en leur nom par Madame Blavatsky. Cette lettre est datée de Madras 27 mai.
- ↑ Le comité de la Société Scientifique d’Études Psychologiques avait cru être agréable à la Société Théosophique de Paris en lui ouvrant à la fois le Bulletin et des conférences pour exposer les idées théosophiques. Ce n’est pas la faute du comité—qui d’ailleurs possédait dans son sein plusieurs membres de la Société Théosophique—si les représentants des doctrines de l’Occultisme se sont abstenus de prendre part à la discussion. Tous les théosophes connus avaient été convoqués aux séances. Plusieurs y assistaient qui ont gardé le silence, bien que le président ait toujours offert la parole au contradicteur avant de la donner à l’orateur qui venait soutenir la même thèse que le préopinant.
LA RÉDACTION.
- ↑ [D. A. C. stands for Commandant D. A. Courmes, of the French Navy, who had joined the Theosophical Society November 8, 1876, and was a staunch friend of H. P. Blavatsky and Col. Olcott. Later on, he translated large portions of The Secret Doctrine, and other writings of H. P. B.’s, into French, for publication in Le Lotus Bleu.—Compiler.]
- ↑ [Reference here is to William H. Terry, founder and for many years editor of the famous Spiritualistic journal The Harbinger of Light, still being published at Melbourne, Australia He joined the Theosophical Society early in 1880, and evinced great interest in The Theosophist, then only a few months old as a publication. He gave valuable support to Theosophy in Australia. His name is closely associated with another early Theosophist in Australia, Professor John Smith of Sydney University, Member of the Legislative Council, and President of the Royal Society in N.S.W. H. P. B. in one of her letters to Mr. Terry, dated from Dehra Dun, November 5, 1881, asks him to find the address of Prof. Smith which had been mislaid. This letter was received December 12, 1881. At the foot of it a brief message from Master M. to Mr. Terry had been precipitated in transit. The message said:
“For very good reasons I beg leave to ask you the favor to first ascertain the whereabouts of the Professor. I have some business with him and a promise to redeem.
Yours,M. . .
(mis) named the ‘Illustrious’ by Mr. Sinnett, tho’ I be but a poor Tibetan Fakir.
Private and confidential.”
The original of this Letter is in the Archives of The Theosophical Society, Adyar, Madras, India.
See Letters from the Masters of the Wisdom, Second Series, Transcribed and Annotated by C. Jinarâjadâsa, 1926, Letters 80 and 81, pp. 164-165. Also Mary K. Neff’s How Theosophy Came to Australia and New Zealand, 1943, pp. 1-13, where interesting details are to be found.
It is in answer to three letters from William H. Terry to the Editor of The Theosophist that the first three “Fragments of Occult Truth” were written by Alan O. Hume and published in that Journal (Vol. III, October, 1881, March and September, 1882).—Compiler.]
- ↑ “Les doctrines ésotériques des Aryas-Arhats sur la constitution septanaire de l’homme” (The Theosophist, Vol. III, No. 4, janvier 1882, pp. 93-99).
- ↑ Les Nyâya Sutras, qui consistent en cinq livres, est un ouvrage analytique—le terme Nyâya étant l’opposé de celui de Sankhya ou “synthèse”—qui fournit aux lecteurs un mode correcte pour la discussion de questions philosophiques. Généralement, c’est une combinaison d’enthymèmes et de syllogismes—un système bien inférieur, en méthode, à Aristote. C’est un ouvrage dont le style est lourd et quelquefois fort obscure, ne traitant de métaphysique que dans un seul de ses livres—les dix traités de Vaiseshika Sutras de Kanada sur la constitution physique de notre terre y étant inclus et le Kusumañjali sur l’existence d’un Dieu supérieur ou de Dieu—et y réussissant fort mal.
- ↑ Selon notre doctrine, l’univers est rempli de chaînes septénaires de mondes, chaque chaîne étant composée de 7 globes, le nôtre étant le 4me de sa chaîne et se trouvant juste au milieu. C’est après avoir passé par toutes les races comme par toutes les sous-races et après être arrivés au Pralaya (dissolution) planétaire que nous irons sur une planète d’un monde supérieur. On a le temps d’attendre.
- ↑ Voir The Theosophist, Vol. III, No. de mars 1882, page 151, 1re colonne, note d’un chela disciple des initiés, “D.M.”, qui dit: “Il ne peut y avoir d’anéantissement pour le ‘Moi Spirituel qui est INDIVIDUALITÉ’—quoique cela arrive quelquefois pour la PERSONNALITÉ.” (C’est-à-dire pour le 5me principe.)
- ↑ Les Vansavali ou généalogies des Races—Soorya et Chandra, deux races distinctes qui séparent les anciens Indous—les Brahmanes et Kshatryas généralement sont tracées—la première depuis Ikshvâku jusqu’à Rama, et la seconde depuis le premier Bouddha jusqu’à Krishna (voir le Vansavali des princes Rajput, la maison Oodeypoor). Krishna était de Race Lunaire.
- ↑ Voyez les Lois de Manou (I, 64, 73) et le dernier livre de Monier-Williarns: Indian Wisdom, pages 188 et 229; Sir Wm. Jones, Colebrooke, etc.
- ↑ Shastri est celui qui doit etudier toute sa vie les Shastras, les livres sacres tes Brahmanes, une litterature immense.
- ↑ Le Sama-Veda est fort inférieur au Rig et au Yajur-Veda. Le Rig traite des Dieux, le Yajur des rites religieux et le Sama-Veda [des] Pitris (Esprits) et, en conséquence, il est fort déconsidéré.