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Les trois objets du programme théosophique peuvent se résumer par les trois mots Amour, Science, Vertu, et chacun est inséparable des deux autres. Revêtue de ce triple airain, la Société Theosophique accomplira le miracle que M. Burnouf lui demande et terrassera le dragon de la «lutte pour l’existence». Elle le fera non pas en niant l’existence de la loi en question, mais en lui assignant sa juste place dans l’ordre harmonieux de l’univers; en en dévoilant la nature et la signification; en montrant que cette pseudo-loi de vie est en réalité une loi de mort, une fiction des plus dangereuses en ce qui concerne la famille humaine. La «soi-conservation», sur de pareilles données, est en vérité un suicide lent et sûr, une politique {{Page aside|120}}d’homicide mutuel. Par son application pratique, les hommes s’enfoncent et reculent de plus en plus vers le degré animal de l’évolution. La lutte pour l’existence, même sur les données de l’économie politique, qui ne s’élève pas au-dessus du plan matériel, ne s’applique qu’a l’être physique et pas du tout à l’tre moral. Or, il est assez vraisemblable, à première vue, pour qui a un peu approfondi la constitution de notre univers illusoire en paires de contraires, que si l’égoïsme est la loi de l’extrémité animale, l’altruisme doit être la loi de l’autre extrême; la formule du combat pour la vie est de moins en moins vraie à mesure qu’on monte les degrés de l’échelle, c’est-à-dire à mesure que l’on se rapproche de la nature spirituelle: mais pour ceux qui n’ont pas développé les facultés de cette partie de leur nature, les lois qui la régissent doivent rester à l’état de conviction sentimentale. La théosophie nous indique la route à suivre pour que cette intuition se change en certitude, et le progrès individuel qu’lle demande à ses disciples est aussi la seule sauvegarde contre le danger social dont nous menace notre critique; pour réformer la société, il faut commencer par se réformer soi-même. Ce n’est pas la politique de soi-conservation, ni les intérêts d’une personnalité ou d’une autre, sous leur forme finie et physique, qui peuvent nous conduire au but désiré et abriter la Société Théosophique contre les effets de l’ouragan social, quand même cette personnalité représenterait l’idéal de l’homme, quand même cette égide serait le Bouddha en personne. Le salut est dans l’affaiblissement du sens de séparation entre les unités qui composent le tout social: or ce résultat ne peut être accompli que par un procédé d’éclairement intérieur. La violence n’assurera jamais le pain et le confort pour tous; et ce n’est pas non plus par une froide politique de raisonnement diplomatique que sera conquis le royaume de paix et d’amour, d’aide mutuelle et de charité universelle, la terre promise où il y aura «du pain pour tout le monde». Quand on commencera à comprendre que c’est précisément l’égoïsme personnel et féroce, grand ressort de la lutte pour l’existence, qui est au fond la seule cause de la misère humaine; que c’est {{Page aside|121}}encore l’égoïsme national cette fois, et la vanité d’État, qui provoquent les gouvernements et les individus riches a enterrer d’énormes capitaux et à les rendre improductifs en érigeant des églises splendides et en entretenant un tas d’évèques paresseux, vrais parasites de leurs troupeaux; alors seulement l’humanité essayera de remédier au mal universel par un changement radical de politique. Ce changement, les doctrines théosophiques seules peuvent l’accomplir pacifiquement. C’est par l’nion étroite et fraternelle des Soi supérieurs des hommes, par la croissance de la solidarité d’âme, par le développement de ce sentiment qui nous fait souffrir en pensant aux souffrances d’autrui, que pourra être inauguré le règne de l’égalité et de la justice pour tous, et que s’établira le culte de l’Amour, de la Science et de la Vertu, défini dans cet admirable axiome! «Il n’y a pas de religion plus élevée que la vérité».
 
Les trois objets du programme théosophique peuvent se résumer par les trois mots Amour, Science, Vertu, et chacun est inséparable des deux autres. Revêtue de ce triple airain, la Société Theosophique accomplira le miracle que M. Burnouf lui demande et terrassera le dragon de la «lutte pour l’existence». Elle le fera non pas en niant l’existence de la loi en question, mais en lui assignant sa juste place dans l’ordre harmonieux de l’univers; en en dévoilant la nature et la signification; en montrant que cette pseudo-loi de vie est en réalité une loi de mort, une fiction des plus dangereuses en ce qui concerne la famille humaine. La «soi-conservation», sur de pareilles données, est en vérité un suicide lent et sûr, une politique {{Page aside|120}}d’homicide mutuel. Par son application pratique, les hommes s’enfoncent et reculent de plus en plus vers le degré animal de l’évolution. La lutte pour l’existence, même sur les données de l’économie politique, qui ne s’élève pas au-dessus du plan matériel, ne s’applique qu’a l’être physique et pas du tout à l’tre moral. Or, il est assez vraisemblable, à première vue, pour qui a un peu approfondi la constitution de notre univers illusoire en paires de contraires, que si l’égoïsme est la loi de l’extrémité animale, l’altruisme doit être la loi de l’autre extrême; la formule du combat pour la vie est de moins en moins vraie à mesure qu’on monte les degrés de l’échelle, c’est-à-dire à mesure que l’on se rapproche de la nature spirituelle: mais pour ceux qui n’ont pas développé les facultés de cette partie de leur nature, les lois qui la régissent doivent rester à l’état de conviction sentimentale. La théosophie nous indique la route à suivre pour que cette intuition se change en certitude, et le progrès individuel qu’lle demande à ses disciples est aussi la seule sauvegarde contre le danger social dont nous menace notre critique; pour réformer la société, il faut commencer par se réformer soi-même. Ce n’est pas la politique de soi-conservation, ni les intérêts d’une personnalité ou d’une autre, sous leur forme finie et physique, qui peuvent nous conduire au but désiré et abriter la Société Théosophique contre les effets de l’ouragan social, quand même cette personnalité représenterait l’idéal de l’homme, quand même cette égide serait le Bouddha en personne. Le salut est dans l’affaiblissement du sens de séparation entre les unités qui composent le tout social: or ce résultat ne peut être accompli que par un procédé d’éclairement intérieur. La violence n’assurera jamais le pain et le confort pour tous; et ce n’est pas non plus par une froide politique de raisonnement diplomatique que sera conquis le royaume de paix et d’amour, d’aide mutuelle et de charité universelle, la terre promise où il y aura «du pain pour tout le monde». Quand on commencera à comprendre que c’est précisément l’égoïsme personnel et féroce, grand ressort de la lutte pour l’existence, qui est au fond la seule cause de la misère humaine; que c’est {{Page aside|121}}encore l’égoïsme national cette fois, et la vanité d’État, qui provoquent les gouvernements et les individus riches a enterrer d’énormes capitaux et à les rendre improductifs en érigeant des églises splendides et en entretenant un tas d’évèques paresseux, vrais parasites de leurs troupeaux; alors seulement l’humanité essayera de remédier au mal universel par un changement radical de politique. Ce changement, les doctrines théosophiques seules peuvent l’accomplir pacifiquement. C’est par l’nion étroite et fraternelle des Soi supérieurs des hommes, par la croissance de la solidarité d’âme, par le développement de ce sentiment qui nous fait souffrir en pensant aux souffrances d’autrui, que pourra être inauguré le règne de l’égalité et de la justice pour tous, et que s’établira le culte de l’Amour, de la Science et de la Vertu, défini dans cet admirable axiome! «Il n’y a pas de religion plus élevée que la vérité».
 
{{Style P-Signature|H. P. BLAVATSKY.}}
 
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