< Réponse Définitive d’une Théosophe à M. Rossi de Justiniani (continued from page 10-35) >
à rien a priori, mais en même temps admettant la possibilité des faits les plus merveilleux dans la nature; étudiant, cherchant, comparant tous les systèmes toutes les philosophies, comme toutes les opinions, sans jamais en rejeter aucune avant de l’avoir parfaitement comprise et analysée, ils n’acceptent rien au nom de la foi, pas même les assertions de «l’éminent M. Crookes, de la Société Royale»; ils ne se rendent à l’évidence, que quand la science expérimentale leur a expliqué un phénomène rationnellement. Cependant, comme la science positive ne peut jamais aller au-delà de son domaine limité par nos sens physiques, elle se trouve condamnée à tourner éternellement à l’instar de l’écureuil sur sa roue, autour du fait physiquement démontré, tout en ayant réussi à prouver à l’aide de batteries électriques et autres apparats scientifiques, la réalité palpable du corps temporairement matériel de Miss Katie King. M. Crookes, malgré toute son éminence, a été, jusqu’ici, incapable de nous prouver d’une manière concluante que l’âme de cette belle fille de l’Air appartenait à la classe des Esprits des incarnés plutôt qu’à celle des sylphes sublunaires; aux «anges» des spiritualistes et non aux «diables» de M. de Mirville; la question reste «adhuc sub judice lis est» comme on le dit en cour.
Nous nous proposons de prouver dans notre prochain article que les oracles sortis de «l’antre de Trophonius» moderne sont capable parfois de rivaliser avec ceux des médiums, et même les surpasser à l’occasion. Pour le moment il est temps de clore cette épitre par trop longue déjà; c’est ce que nous faisons, en ajoutant ces quelques mots. Sûrs que nous sommes de trouver la grande majorité de nos lecteurs spirites moins intolérants, et surtout moins enclins à critiquer ce dont ils ne savent pas le premier mot, nous nous empresserons de leur faire part du résultat de nos dernières études et recherches aux Indes. Les merveilles que l’on y voit, ne sont que faiblement dessinées par L.J. dans ses expériences avec le fakir Govindasami. Quant à votre aimable correspondant de Smyrne, après avoir lu ses «Réflexions» et rêvé sur sa déclaration finale, inéquivoque et formelle, il est clair que toute polémique avec lui devenant impossible, les débats sont clos; après nous avoir invité, avec une générosité—dont nous sommes tout à fait indignes—d’ouvrir pour lui, toute grande, la porte de notre sanctuaire, et de dévoiler une à une toutes nos doctrines, il nous prévient avec franchise que toutes preuves que nous pourrions lui donner seraient inutiles. Il rejetterait «tout ce qui n’est pas d’accord avec la raison (sa raison à lui), et répugnerait à la conscience humaine». Les théosophes croyant à ce que la conscience de M. de Justiniani rejette, il est évident, qu’on peut leur retirer le privilège d’en avoir une.
«Si même ils [les théosophes] parviennent un jour à nous faire assister à l’annihilation du moi dans la nature la plus perverse, ils peuvent être sûrs que nous n’y croirons pas», ajoute notre correspondant de Smyrne qui peut se tranquilliser. Nous sommes discrets et—nous tâcherons de lui éviter la triste nécessité de nous donner le démenti.
H. P. BLAVATSKY. Bombay, 28 juin.
Nota.—La Revue Spirite, toujours impartiale, a inséré les articles provenant de Madame Blavatsky et ceux de M. Rossi de Justiniani. Les deux adversaires sont remplis de bonne foi, également estimable; seulement au point de vue de leurs études, ils ont des opinions différentes. À ce sujet, le mois prochain, la rédaction indiquera ce qu’elle pense et la ligne de conduite qu’elle s’est tracée.